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Campagne du Soldat Louis Alfred GLANGEAUD

220éme Régiment d'Infanterie



Louis Alfred GLANGEAUD est dispensé en tant qu'aîné de veuve.

Il est appelé à l'activité le 14 novembre 1901. Il arrive au 63ème Régiment d'Infanterie, cantonné à Limoges.

Il est envoyé dans la disponibilité le 20 septembre 1902. Un certificat de bonne conduite lui est accordé.


Il est condamné par jugement contradictoire par le Tribunal Correctionnel de Limoges le 19 décembre 1906 à 16 francs d'amende (suisses) et aux dépends pour coups et blessures volontaires.


Il est condamné par jugement contradictoire par le Tribunal Correctionnel de Limoges le 20 janvier 1913 à 5 francs d'amende avec sursis et aux dépends pour contravention à la police des chemins de fer.



Il fait deux périodes, la première du 21 août au 17 septembre 1907 au sein du 63ème, et la seconde du 29 septembre au 15 octobre 1910 toujours au sein du 63ème R.I.


Il est rappelé à l'activité par décret du 1er août 1914, il arrive au Corps le 11 août 1914.

Le Régiment est alors engagé dans la grande bataille des Ardennes. Après avoir traversé les bois de Varennes et La Ferté, le canon gronde dès le 18 août. Victorieux lors de l'offensive du Luxembourg belge les 22 et 23 août, le repli est ordonné. Le Régiment fait demi tour dans la Forêt d'Orval et est chargé de couvrir la retraite du 12ème> Corps d'Armée.

Il est nommé caporal le 12 août 1914.



Le combat de Blagny (24 août).




Le 24 août à 13 heures, près du village de Blagny, le 1er Bataillon se porte à l'attaque de l'Infanterie ennemie. Plusieurs charges à la baïonnette stoppent les allemands. Le Bataillon a perdu une centaine d'hommes mais a réussi à retarder le passage de la Chiers par l'ennemi.






Le combat de La Besace (28 août).



Il faut empêcher l'Allemand de franchir la Meuse. A la lisière du bois de Yoncq, près de la Besace, des attaques acharnées sont repoussées. par trois fois, durant 3 heures, les attaques ennemies se brisent sous les feux nourris des mitrailleuses françaises. Mais le 2ème Bataillon doit faire face à un ennemi plus nombreux et plus acharné, il lutte corps à corps et subit des pertes élévées. Cette résistance permet au Régiment de s'installer sur une ligne de repli marquée par les hauteurs boisées de Stonne. le Régiment a perdu 9 officiers et 724 hommes.



C'est lors de ces combats de la Besace que périrent de nombreux poilus limousins : 863 combattants nés en Haute Vienne sont morts le 28 août 1914, dont 156 à La Besace, jour le plus sanglant de la Première Guerre Mondiale pour le département..


Dès le lendemain la retraite reprend. Le 63ème toujours en arrière-garde gagne la ligne de l'Aisne.



L'engagement de Souain (3 septembre).



Le 2 septembre le 63ème est dans la région de Souain en Champagne pouilleuse sa mission étant de protéger la retraite d'autres éléments engagés plus au nord. Couchés dans les fossés de la route pendant 4 heures, les hommes dirigent un feu précis sur l'ennemi qui essaie de déboucher des lisières à 800 mètres. Le 1er Bataillon continue à protéger le repli des unités qui ont rompu le combat.





L'engagement de Marson (4 septembre).



Après une longue marche vers le sud de Suippes sur Marson, le 3ème Bataillon entre en contact avec l'ennemi par surprise. Pendant la grande halte, il essuie le feu allemand. La 9ème et 10ème Compagnies arrêtent l'ennemi par des feux de salve bien ajustés et le tient ainsi à distance respectueuse.

Le lendemain le Régiment s'embarque pour Vitry le François quelques heures avant l'arrivée des Allemands, et descend à Braux le Grand. C'est la dernière étape de la retraite, après 36 heures de repos réparateur, le Régiment s'engage dans la bataille de la Marne



La Bataille de la Marne - Les combats de Sompuis (8 - 10 septembre) - La poursuite.


Le 8 septembre, le 63ème installé près de Sompuis, au sud ouest de Vitry le François, brise une contre-attaque allemande menée par des forces considérables. Dans la journée du 9, le 63ème passe à son tour à l'attaque et refoule l'ennemi qui se fait massacrer sur place, nos pertes sont faibles. C'est la victoire ...!

On entre dans Sompuis. On traverse la Marne. On marche vers le Nord sur l'ennemi qui laisse de nombreux prisonniers. Lors de cette déroute les vandales ont laissé partout des marques de leur passage, à Sainte Menehould, à Souain, à Somme-Py, à Somme-Tourbe. Le 17 septembre on s'arrête à la zone boisée de Perthes les Hurlus, l'ennemi s'étant retranché dans ses positions.



La guerre de mouvement est terminée.



La première Bataille de Reims.

Le 18 septembre le Régiment regagne le Camp de Châlons et se rend ensuite dans la ville que l'ennemi a abandonnée afin de s'établir sur les hauteurs de Berru.

Le 22 septembre, à son arrivée au Belvédère sur la butte de Pommery où un obus tue 22 hommes et en blesse 22 autres, le Régiment s'installe en première ligne, le long de la voie ferrée, sur un front de 6 km, du quartier de Cavalerie à Saint Léonard.



La Bataille de l'Aisne est engagée depuis une semaine et Reims est âprement disputé.

Dès le lendemain ordre est donné de faire des progrès sur tout le front. Le 2ème Bataillon fait un bond de 200 mètres. Le 24 septembre, les deux autres Bataillons font à leur tour un bond de 400 mètres. Le 25 balayé par l'artillerie et le feu des mitrailleuses ennemies le Régiment gagne encore du terrain et dépasse les premières tranchées allemandes, perdant 150 hommes.

Le lendemain, à la faveur d'un brouillard épais, le 2ème Bataillon subit une attaque à la baïonnette aux abords de la ferme de la Jouissance. Les sections de tête sont débordées et rejetées sur la voie ferrée. Un Commandant, un grand nombre d'Officiers et de chefs de section se font tués. La résistance s'organise derrière le canal. Les Prussiens se font fussiller à bout portant, ils se font tuer ou se rendent ou se replient. Le 2ème Bataillon a perdu 11 Officiers et 559 hommes, alors que les Allemands ont laissé un millier de cadavres sur le terrain. Les positions perdues sont réoccupées.

Quelques jours après le Régiment est relevé mais malgré son excessive fatigue, il repart le 30 septembre pour la région d'Auberive. Le lendemain les tranchées à l'ouest de la ferme des Wacques sont reprises.

Le 7 octobre il occupe les tranchées en avant de la Suippe, devant Saint Hilaire le Grand, puis le 16 celles en face d'Auberive. Les hommes apprennent à veiller, à travailler, à améliorer sans cesse les positions et les abris. Aucune opération importante n'est à signaler. Quelques patrouilles et reconnaissances sont suivies d'accidents assez fréquents.

Relevé le 18 décembre le Régiment est désigné pour attaquer les positions allemandes devant Jonchery sur Suippes. L'ennemi tient une crête dominant la vallée de l'Aisne. Il est prévu de prendre 2 saillants de tranchées : le Bois A et le Bois B. Le 21 décembre les Compagnies des 1er et 3ème Bataillons sortent de la tranchée, mais les batteries et les mitrailleuse adverses déclenchent un feu terrible sur les assaillants. L'attaque est arrêtée, le Régiment a perdu 11 Officiers et 400 hommes.

Le Régiment assure jusqu'au 23 mars 1915 la garde de ce secteur.



Attaques de Regnéville en Haye, le Bois de Mortagne - le printemps 1915 en Lorraine.



Relevé fin mars, le Régiment se rend en Lorraine et reçoit l'ordre d'attaquer le 3 avril dans le secteur de Regnéville, entre le Bois de Le Prêtre et le Bois de Mortmare au coeur de la Haye. A 7 heures du soir les 3 Compagnies du 2ème Bataillon sautent dans la tranchée ennemie et font 12 prisonniers.

Le 4 avril, à la nuit tombante, un nouveau bond est effectué entre Regnéville et Fey en Haye.

Le 5 avril, la 10ème Compagnie a pris pied dans la tranchée allemande sous une grêle de projectiles. La 1ère Section de la 12ème Compagnie s'est maintenue sur ses positions mais a perdu les trois quart de son effectif.

Après une longue journée sous les bombes le Régiment est relevé. Il a perdu 15 Officiers et 500 hommes.

Après quelques jours de repos le Régiment se porte au nord du village de Flirey.

Le 5 mai, à 7 heures le 1er Bataillon attaque. la 2ème Compagnie enlève la première ligne de tranchées. La 3ème Compagnie dépasse les objectifs assignés et fait des prisonniers. Malgré des tentatives allemandes les positions restent en nos mains.

Le Régiment tient encore le secteur de Flirey pendant 6 semaines puis il est transporté dans les environs d'Amiens.



En Artois - L'offensive du 25 septembre - La guerre de mines et la lutte à la grenade.



Après un mois de repos à Rubempré, le Régiment se rend en camions dans la région de l'ouest d'Arras. Le 1er août 1915 il s'installe dans le secteur de Roclincourt, à cheval sur la route d'Arras à Lille qu'il va occuper pendant 8 mois.

Les 3 Bataillons forment un front de 1200 mètres. le secteur est le secteur des mines. Une lutte sévère se poursuit entre sapeurs français et allemands. Huit fois en 6 semaines les Allemands font sauter la mine et tentent de détruire notre première ligne.

Le 25 septembre à 12h25 l'attaque est donnée, l'objectif étant la tranchée du Paradis dont la conquête permettra l'attaque de la crête 132 et des bois de Farbus. La première tranchée des Punaises est gagnée, suit la tranchée des Cafards. Les Allemands conte-attaquent à la grenade, les hommes résistent héroiquement, tous les efforts se brisent contre une barrière de feux imposés par des forces supérieures et sans cesse alimentées, alors que nos hommes se trouvent à cours de munitions.

Dans cette dure journée le Régiment a perdu 2 Chefs de Bataillon, 8 Commandants de Compagnie, 31 Chefs de Section et un millier d'hommes. Les Allemands ont également subi de grosses pertes.

La période offensive achevée le régiment répare les dégats causés aux tranchées.

Fin octobre la guerre de mine se rallume. Chaque semaine, de part et d'autre, les premières lignes sont bouleversées par de puissants fourneaux de mine et des combats sévères se livrent autour des entonnoirs.

Un abominable temps pourri rend aux hommes la vie extrèmement pénible, mais ramène un calme presque absolu en décembre et janvier, c'est la trève de la boue.

Le 28 décembre le secteur du Labyrinthe est pris.

Vers la fin janvier 1916 le secteur se ranime. Le 25 janvier une conte-attaque stoppe les vélléités des allemands. Les semaines de février sont plus agitées. Devant la tranchée 6, au Labyrinthe, les 14, 17 et 26 février des cratères s'ouvrent, et nos grenadiers font merveille

Le 5 mars 1916, cédant la place aux Britanniques, le Régiment abandonne le secteur de l'Artois.

Après 2 semaines de repos dans l'Oise, le Régiment s'embarque pour Verdun.





Verdun (avril - juin 1916).

Le 6 avril le Régiment s'installe dans le secteur de Bras. Deux Bataillons tiennent la rive droite de la Meuse.

Le 9 avril une offensive générale ennemie, d'une violence extrème, se déclenche sur un front de 25 km. Les Allemands entament une prodigieuse préparation sur les lignes. L'effort ennemi, à la fin avril et première quinzaine de mai, se porte sur la rive gauche. Des bombardements intensifs rendent les ravitaillements pénibles. Les relèves sont mouvementées. Chaque Bataillon va, à son tour, passer quelques jours de repos dans Verdun, à la Caserne Jeanne d'Arc ou à la Citadelle.



Le 15 avril 1916 Louis Alfred GLANGEAUD passe au 220ème R.I.



Le 15 avril, le 220ème se constitue à trois bataillons, grâce, à l'arrivée d'un bataillon du 211ème qui vient d'être dissous.

Du 2 au 23 mai, le régiment est employé aux travaux de deuxième position pour la défense de Reims. Le 24 mai, le régiment va occuper en première ligne, au nord de Reims, le secteur du Linguet et le secteur Betheny. Le premier de ces deux secteurs n'est tenu par le 220ème que jusqu'à la nuit du 29 au 30 mai ; le secteur Betheny, jusqu'au 22 août. Durant ces trois mois, ce secteur fut assez calme et nos pertes restèrent légères.

A noter une seule action d'infanterie de quelque importance : Le 30 juin, un coup de main préparé par le commandant Rieutort, du 4ème bataillon, est tenté dans la soirée.

Après une préparation d'artillerie qui, dans la journée, a ouvert une brèche dans les fils de fer et bouleversé les tranchées à visiter, un barrage est établi par le 75 en arrière et sur les flancs du point d'attaque. Un détachement composé d'éléments du 4ème bataillon s'élance à 22 h 30, pénètre dans la première ligne ennemie très endommagée, fouille les abris qu'il trouve inoccupés et minutieusement vidés. Il est pris à partie par trois mitrailleuses qui ont surgi dès le début de l'attaque. En même temps, un barrage d'artillerie est déclenché sur la tranchée boche de première ligne. Nos pertes s'élèvent à trois hommes tués et à une dizaine de blessés. Les blessés sont tous ramenés dans nos lignes par leurs camarades. L'opération est terminée à 22 h 55.

Dans la nuit du 1er au 2 août, un violent bombardement de l'artillerie ennemie de gros calibre tue le capitaine Laval, tue et blesse une douzaine d'hommes.

Le 22 août, le régiment est relevé ; il embarque le 23 à la gare de Muizon, débarque le 24 à la gare de Mussey, près de Bar-le-Duc, et va cantonner à Veel.



Verdun.





En février et mars 1916, au ruisseau de Forges et à Béthincourt, le 220ème avait glorieusement contribué à arrêter la ruée allemande contre Verdun. Lorsque, après une demi-année tragique, l'attaque ennemie à bout de souffle, fut définitivement brisée, le régiment eut l'honneur de participer efficacement aux magistrales opérations conduites pour dégager les abords nord de l place.

Le 3 septembre, la 67ème division, à laquelle appartient le 220ème, est rattachée à la IIème armée dont une partie des éléments opère à Verdun. Dès la nuit suivante, le régiment stationné dans la région de Bar-le-Duc est alerté. Enlevé par autos-camions, il est transporté à Dugny, au sud de Verdun.



Opérations du 4ème Bataillon.



Là, le 4ème bataillon reçoit l'ordre d'aller immédiatement compléter ses approvisionnements à Verdun. Il y touche des vivres pour quatre jours, des munitions, des outils et se rend ensuite aux abris Marceau. Il ne devait y séjourner que peu de temps, car dès la nuit suivante il part pour monter en première ligne, au nord du fort de Souville, face au système de tranchées ennemies appelé « Le Triangle ».

Jusqu'au fort de Souville, la route est assez bonne ; mais au-delà on ne trouve plus aucune trace de piste. Le terrain est affreusement bouleversé : les entonnoirs se touchent et, parfois, se pénètrent. La nuit est très obscure ; les guides s'égarent... Enfin, au petit jour, le bataillon arrive en ligne. Pas de tranchées : des trous d'obus.

Le bataillon a à sa droite le 344ème; à sa gauche le 288ème. Dans la matinée, on apprend que le bataillon doit attaquer à 17 h 40. A partir de midi, notre artillerie prépare l'attaque. Nos pièces lourdes arrosent copieusement les tranchées allemandes. On voit des ennemis qui fuient épouvantés, d'autres viennent dans nos lignes. Mais l'artillerie boche réagit fortement et fait subir au 4ème bataillon des pertes très lourdes. A l'heure dite, nos artilleurs allongent leur tir. Le bataillon, durement éprouvé, n'ayant plus qu'une centaine d'hommes en ligne, part en une seule vague et dans un élan irrésistible atteint, dépasse même la ligne qui lui avait été assignée : il a enlevé complètement « Le Triangle » et pris pied dans la tranchée Bothmer, immédiatement au nord du « Triangle ».

Le 4ème bataillon s'accroche au sol et pendant la nuit organise la position conquise, sur laquelle il a fait plus de 120 prisonniers. Ce succès magnifique a été chèrement payé : les pertes sont de 10 officiers et de 139 hommes. La compagnie de mitrailleuses, qui s'est dépensée sans compter, a perdu ses deux officiers et ne possède plus que deux pièces, dont une sans trépied ; toutes les autres ont été détruites par le feu ennemi.

Vers 21 heures, la 22ème compagnie du 220ème arrive sur la gauche du 4ème bataillon pour assurer plus fortement la liaison entre ce bataillon et le 288ème, qui est à la Haie-Renard. Cette compagnie progresse par bonds, s'empare d'une mitrailleuse allemande et s'établit sur la ligne fixée, assurant la liaison prescrite.

Le 7, le 4ème bataillon et la 22ème compagnie repoussent les contre-attaques allemandes. Il ne reste plus au 4ème bataillon que deux officiers.

Le 8, vers 5 heures, les Allemands attaquent avec des forces importantes les tranchées perdues par eux le 6. Le combat est violent toute la matinée. Le 4ème bataillon et la 22ème compagnie, qui ont été soumis à un violent bombardement, maintiennent leurs positions et contribuent par leurs feux à briser l'effort allemand contre les secteurs voisins. Tout le territoire conquis est conservé.

Jusqu'au soir du 9, c'est-à-dire pendant quatre très dures journées, les survivants du 4ème bataillon restent en place, épuisés, mais tenant bon. La pluie tombe. Aucun ravitaillement ne parvient, car à tout instant, l'ennemi déclenche des tirs de barrage infranchissables. Les pertes totales du bataillon s'élèvent pour les journées des 6, 7 et 8, à 15 officiers et 273 hommes.

Dans la nuit du 9 au 10, le 4ème bataillon, qui depuis plus de vingt-quatre heures, n'avait plus ni eau, ni vin à boire, est relevé par des éléments du 333ème régiment d'infanterie et vient cantonner à Belleray.



Opérations du 5ème Bataillon.



A ces attaques, le 5ème bataillon allait prendre une part glorieuse : Le 4, ce bataillon, après avoir été déposé à Dugny par les autos-camions, avait traversé la Meuse et était venu à Haudainville pour constituer, avec le 6ème bataillon, la réserve de division.

Le 5, le 5ème bataillon, allant s'établir en deuxième ligne à la position de Souville, reçoit, au cours de sa marche, l'ordre de s'arrêter momentanément aux abris Marceau, car un violent tir de barrage vient d'être déclenché par nous sur le front de Vaux-Chapitre.

Le bataillon détache le peloton Machet, de la 18ème compagnie, afin d'assurer le 6, pendant la progression de l'attaque, la liaison entre la 135ème brigade et les unités voisines. Nous passons la nuit aux Carrières, couchés les uns sur les autres, en plein air et côte à côte avec des cadavres nègres.

Le lendemain, 6 septembre, enfin, l'heure de l'assaut arrive, et, comme dans le secteur de ma section, il y a un vague reste de boyau à nettoyer. Les Allemands s'enfuient en courant. Les Allemands, après avoir couru 200 ou 300 mètres disparaissent tout d'un coup dans une tranchée que l'artillerie n'avait pas complètement bouleversée et se mettent à nous arroser de grenades et de balles de mitrailleuses. Les Allemands contre-attaquèrent très vigoureusement aussitôt et nous dûmes nous replier d'une centaine de mètres.

Le 6, le peloton Paret, de la 23ème compagnie, vient remplacer à la 18ème le peloton Machet. Le bataillon subit un violent bombardement à la position de Souville. De nombreux abris s'effondrent. La 18ème compagnie a tous ses officiers blessés et le peloton Paret perdent une cinquantaine d'hommes tués ou blessés ; à la 5ème compagnie de mitrailleuses, le sous-lieutenant Pouches est tué, quatre pièces sont enfouies par le bombardement et ne peuvent être récupérées.

Le 7, le bataillon est prévenu qu'il aura à prononcer, sous peu, une attaque à Vaux-Chapitre. Dans la nuit du 8 au 9, le bataillon relève en première ligne, à Vaux-Chapitre, le 6ème bataillon du 288ème et des éléments du 6ème bataillon du 220ème.

Il s'établit, en se couvrant tant bien que mal dans des trous d'obus, à 150 mètres environ en arrière des positions occupées par les unités relevées, afin de permettre à notre artillerie d'exécuter ses tirs de destruction sur la première ligne ennemie. Le 9 septembre, le bataillon est chargé d'enlever les tranchées Montbrison et Lecourt. La préparation par l'artillerie est très efficace ; toutes les organisations de l'ennemi sont détruites, ses défenses enfouies, à l'exception d'une mitrailleuse qui reste intacte jusqu'à la fin. Quelques instants avant l'attaque, une trentaine d'Allemands conduits par un officier blessé, se rendent en courant vers nos tranchées ; ils sont immédiatement dirigés sur le poste de commandement du colonel.

A 16 heures, notre artillerie allonge son tir ; tous se précipitent en avant et marchent carrément sur leurs objectifs. Mais à ce moment, la mitrailleuse boche, qui avait échappé au bombardement, commence à tirer. Elle est immédiatement contrebattue par une de nos sections de mitrailleuses et son tir perd toute efficacité.

Les compagnies ennemies situées devant la partie gauche du front d'attaque, se défendent plus longtemps mais, isolées par nos tirs de barrage, elles sont rejetées par des éléments du 283ème français sur le 5ème bataillon du 220ème qui a progressé à la lisière ouest du bois Vaux-Chapitre et leur coupe la retraite. Une section de mitrailleuses de ce bataillon prend ces compagnies d'enfilade et leur fait subir des pertes sévères. Les compagnies allemandes se rendent.

Les deux bataillons allemands établis en première ligne ont la plus grande partie de leu effectif tuée ou prise ; le nombre des prisonniers faits par le 5ème bataillon s'élève à 6 officiers, 16 sous-officiers et 201 hommes ; en outre, la 10ème compagnie s'empare de trois mitrailleuses boches. Les pertes du bataillon s'élèvent à 3 officiers tués, 23 hommes de troupe tués, 8 disparus et 62 blessés.

Après l'attaque, le 5ème bataillon subit quelques nouvelles pertes infligées par les mitrailleuses allemandes installées sur les pentes Est du ravin des Fontaines. Il n'y a plus au bataillon que cinq officiers.

Pendant la nuit et le lendemain 10, le bataillon s'organise sur la position enlevée. Ce bataillon, engagé depuis quatre jours dans la fournaise, venait d'être terriblement éprouvé... De la ferme du Cabaret Rouge déjà battue par les obus, jusqu'au mon poste de commandement, en passant par les casernes Marceau, le fort de Souville, les Carrières et le ravin de la Mort, le sol terriblement criblé d'obus, était jonché de morts et de mourants. De nombreux cadavres en pleine putréfaction et les bas-fonds, pleins de gaz asphyxiants, rendaient l'atmosphère irrespirable. Aux Carrières, les abords du poste de commandement étaient encombrés de civières, de blessés et de morts. Les troncs d'arbres du bois n'étaient plus que des allumettes carbonisées. Aucun oiseau, aucune végétatio n'animait ce triste paysage qui ne donnait qu'une impression de dévastation, de mort et de néant. C'était la désolation dans toute l'acception du mot.

D'après les reconnaissances du 11 septembre, l'ennemi semble se mettre sur la défensive ; il aménage, en avant de notre ligne, la tranchée Montbrison. Dans la nuit du 11 au 12, une contre-attaque allemande sur la 19ème compagnie est repoussée. La journée du 12 est relativement calme. Le bataillon reçoit l'ordre de s'emparer le 13 au matin de la partie de la tranchée Montbrison encore tenue par l'ennemi, et de la tranchée Lecourt.

Dans la nuit du 12 au 13, les Allemands déclenchent de nombreux tirs de barrage devant la tranchée Montbrison. Le 13, l'attaque prescrite la veille a lieu à 5 heures, par surprise, sans préparation d'artillerie. La tranchée Montbrison est enlevée ; des éléments parviennent jusqu'à la tranchée Lecourt mais ne peuvent s'y maintenir. Un poste de grenadiers (2 sergents et 4 hommes) réussi à s'établir entre Montbrison et Lecourt, dans le boyau qui les réunit et y restera jusqu'à la relève du bataillon.

Vers 16 heures, le bataillon essaie de progresser, mais cette attaque ne peut réussir par suite du barrage de grenade et de mitrailleuses. Dans l'après-midi, le 1er bataillon du 4ème bavarois, qui a beaucoup souffert, est relevé par le 2ème bataillon du même régiment ; on voit les groupes s'infiltrer dans le terrain en avant, de trous d'obus en tro d'obus. Ces mouvements non encore expliqués, font croire à une contre-attaque et, comme le bataillon est très fatigué et n'a plus qu'un faible effectif, des renforts sont demandés. Le bataillon reçoit du colonel commandant la première ligne l'ordre de tenir coûte que coûte. Une contre-attaque ennemie, baïonnette au canon, est arrêtée par un tir de barrage. Nos lignes sont violemment bombardées toute la journée ; notre artillerie riposte vigoureusement. Dans la soirée, le bataillon est enfin renforcé par une compagnie du 228ème.

A 22 h 30, une contre-attaque boche contre la tranchée de Montbrison est repoussée. Le 14, le bataillon s'organise sur les positions enlevées la veille. Le 15, il déclenche, à 4 h 30, une nouvelle attaque contre la tranchée Lecourt. Mais les Allemands sont sur leurs gardes ; ils empêchent la réussite de l'opération par un barrage de grenades et de mitrailleuses. Quelques hommes seulement arrivent jusqu'à la tranchée Lecourt, mais ne peuvent s'y maintenir. La journée se passe sans incident sur les positions qui sont consolidées.

Enfin, dans la nuit du 15 au 16, le 5ème bataillon est relevé et vient cantonner à Belleray. Ainsi, pendant sept jours, le bataillon avait fourni trois attaques, dont deux victorieuses, et résisté à toutes les entreprises de l'ennemi malgré le danger de mort permanent, malgré notre état de fatigue extrême, malgré nos privations de toutes sortes. Nous n'avions aucun aliment chaud, ni soupe, ni café ; nous avons vécu pendant huit jours avec un peu de pain, de fromage, de chocolat et quelques sardines. L'eau était rare, dans cette atmosphère empestée. Les corvées de ravitaillement subissaient chaque nuit hélas, de lourdes pertes.



Opérations du 6ème Bataillon.



Le 6ème bataillon quitte Haudainville dans la nuit du 5 au 6 et vient occuper les abris Marceau. Le 6 il détache au 5ème bataillon le peloton Paret, de la 23ème compagnie, pour remplacer, à la 18ème compagnie, le peloton Machet, chargé d'une mission spéciale.

Ce même jour, le colonel commandant la première ligne au poste de commandement des Carrières, reçoit l'ordre de pousser en avant à la grenade, en profitant de l'échec subi par l'ennemi, dont les réserves ne peuvent intervenir, en raison d'un tir intense d'obus asphyxiants sur ses derrières. L'ordre prescrit d'assurer la liaison à gauche avec la 135ème brigade et à droite avec le 4ème bataillon du 220ème ; cette dernière liaison surtout a la plus grande importance.

Pour assurer l'exécution de ces ordres, le 6ème bataillon du 220ème, mis à sa disposition, se rend en première ligne. La 22ème compagnie est chargée d'assurer la liaison prescrite avec le 4ème bataillon 220ème au Triangle. La compagnie se place face à son objectif (nord-ouest du Triangle), progresse par bonds, couverte par des patrouilles, s'empare d'une mitrailleuse et s'établit sur la ligne indiquée, assurant la liaison prescrite.

Les autres unités du bataillon renforcent le 288ème à Vaux-Chapitre, à l'aile gauche de la ligne. Dans la nuit du 6 au 7, le combat à la grenade, soutenu par l'action des mitrailleuses, s'engage vers 2 h 30 et se prolonge jusqu'à la pointe du jour. Il est très dur. L'ennemi est bien armé, riposte à coups de grenades et de mitrailleuses et ne recule que pas à pas. Au jour, la droite du bataillon a progressé de 100 mètres, la gauche (23ème compagnie) s'est emparée des éléments de tranchées situés entre la tranchée de Bavière et la tranchée de Montbrison.

Le 7, le bataillon reste terré sur les positions conquises. Le combat à la grenade reprend à la chute du jour et se poursuit toute la nuit du 7 au 8. Au cours de cette lutte, la droite du bataillon continue à progresser ; la gauche, devant u puissante organisation de l'ennemi et malgré une préparation intense par obus V. B. ne peut déboucher de la tranchée qu'elle occupe.

Le 8, un nouveau projet d'attaque à la grenade pour la nuit suivante est élaboré par le chef du 6ème bataillon et soumis au colonel commandant la première ligne ; mais l'état-major du bataillon, le peloton de la 23ème compagnie, la 6ème compagnie de mitrailleuses sont relevés dans la nuit du 8 au 9 et se rendent à Belleray le 9 au soir. Les 21ème et 22ème compagnies sont relevées dans la nuit du 10 au 11 et vont cantonner à Belleray.

Dans la nuit du 17 au 18, le 6ème bataillon se rend aux travaux à faire en première ligne. Durant les nuits des 18, 19, 20 et 21, la 21ème compagnie creuse un boyau allant de la batterie de l'Est de Souville au poste de commandement des Carrières ; les 22ème et 23ème compagnies travaillent au boyau reliant la Poudrière aux Carrières, par la Chapelle Sainte-Fine.

Dans la nuit du 22 au 23, le 6ème bataillon va cantonner à Belleray et s'embarque le 24 à Nixéville, pour Trémont, où il retrouve l'état-major et les autres unités du régiment. Ses premiers éléments s'étant engagés dans la nuit du 4 au 5, le 220ème a donc, trois semaines durant, fourni un effort qu'on ne saurait trop admirer. Soit dans la conquête des puissantes organisations ennemies, soit dans la défense des positions enlevées, soit dans l'organisation des nouvelles lignes et de leurs communications avec l'arrière.

Au cours de cette période épique, le régiment avait perdu : 22 officiers (dont 9 tués et 3 morts de leurs blessures) ; 822 hommes de troupe (dont 139 tués).

Le Bois le Prêtre.



Le 2 octobre 1916, la 67ème division relève la 129ème division dans le secteur du Bois Le Prêtre. La 133ème brigade, occupant le demi-secteur de droite, fait alterner en première ligne ses deux régiments, le 214ème et le 220ème.

Cette situation allait durer jusqu'au 30 juin 1917, soit pendant tout près de neuf mois.

Ce secteur était relativement tranquille ; mais il y avait néanmoins, quelques hommes tués chaque jour, soit par les obus, soit par les bombes de minemverfer, soit par les grenades à ailettes. Les lignes ennemies étaient très rapprochées, à 15 mètres au secteur « Mouchoir ». Le régiment s'est fait remarquer par son ardeur au travail dans l'organisation défensive très serrée, des divers secteurs du Bois Le Prêtre dont la défense lui avait été confiée.

Voici les principaux faits d'armes qui furent accomplis par le régiment durant l'occupation de ce secteur : Le 24 octobre, à l'occasion d'une concentration de feux d'artillerie, sur le sous-secteur Haut-de-Rieupt, une reconnaissance de quatre sous-officiers, six caporaux et quinze soldats, est lancée à 15 h 15 contre un petit poste allemand situe à une trentaine de mètres en avant de nos lignes et où des bruits suspects de travaux de sape ont été récemment entendus. Profilant du désarroi causé dans les lignes allemandes par nos tirs d'artillerie, la reconnaissance, couverte à droite et à gauche contre des postes avancés voisins, pénètre dans le petit poste, le trouve inoccupé, reconnaît l'existence d'une sape s'avançant vers nous, longue d'environ 5 mètres, mais où les travaux sont arrêtés, s'empare du matériel (périscopes, grenades, etc.) et rentre dans nos lignes sans que l'ennemi surpris ait eu le temps de l'inquiéter autrement que par quelques coups de mitrailleuses et quelques grenades à fusil qui ne causent aucune perte.

Quelques instants après, de violentes représailles par minemverfer, déclenchées sur tout le secteur, blessent une douzaine d'hommes dans nos lignes.







Louis Alred GLANGEAUD est blessé le 19 novembre 1916 au Bois Le Prêtre.


Il décède dans l'ambulance 3/44, secteur 56, suite à ses blessures de guerre : éclats de grenade, fracture du crâne.